Episode 5 : Le retour, c’est maintenant !
Rosana me regarde d’un air inquiet. Est-ce que tout va bien ? Visiblement, mon visage parle de lui-même ! Je lui raconte… Attentive, elle m’écoute et me conseille d’appeler KLM en m’expliquant que les conseillers au téléphone ont plus de pouvoirs. Comme quoi, c’est utile d’avoir bossé en collaboration avec les services clients de compagnies aériennes ! En pianotant quelques secondes, je trouve le numéro de KLM et le compose aussitôt. Je suis mise en contact avec un agent. Mon interlocutrice semble d’humeur relax et positive ! Ça me détend ! Elle m’explique rapidement qui est le coupable : en l’occurrence, l’annulation de ma réservation de train. Sa solution : annuler ma réservation et en faire une nouvelle. Ça a l’air simple !!! Elle me propose évidemment de s’en occuper mais ce n’est pas gratuit et en plus, Joséphine (oui, appelons-là ainsi, je ne me rappelle plus de son prénom !) me confirme que je ne pourrais pas être remboursée pour mon billet de train!! Jusque-là tout va bien ! Contrainte, j’efface de ma mémoire ces petits inconvénients et accepte sa proposition. Tant pis, le plus indispensable est de régler ce problème au plus vite ! Enfin, je vais finir par donner un 20/20 à KLM pour générer du stress !
En grande gourmande que je suis, je choisis de nouveau la nourriture pour me détendre ! Il est 13h30, il me faut de l’énergie pour finir de vider ma chambre. Petit à petit, je déplace mes affaires vers le salon! Tout doit disparaître ! C’est la première fois que je vois ma chambre sans aucun meuble, sans aucune décoration au mur. C’est l’occasion de constater la qualité du travail de peinture de mes colocs précédentes ! Je m’en serais bien passée. Vu que je suis généreuse, je partage avec Neske, la propriétaire qui m’a demandé des photos en guise d’état des lieux. Cet ancien mur couleur vert anis à moitié recouvert de blanc qui traduit bien le besoin de peinture supplémentaire ne manque pas de retenir son attention malheureusement. En le voyant, elle me demande quelles sont les tâches sur le mur ?! Je comprends vite que Neske n’était pas au courant ! lol ! Ai-je le droit de rire ? Suis-je surprise ? A vrai dire, non ! Jusqu’au bout, cette femme aura été imprévisible. Je vous avoue que je suis bien contente de me dire que d’ici quelques temps, je n’aurais plus besoin d’être en contact avec elle !
En effet, c’est bientôt l’heure de dire au revoir à Olaya et Rosana. Nous profitons des derniers moments pour faire les idiotes avec les cartons restants !
C'est bon, je suis prête à partir en France! |
Ces dernières semaines avec les filles ont vraiment été fortes en émotion et en entraide. C’est un peu étrange de les quitter. Nous avons passé de bons moments ensemble avec Olaya et je le répète, j’ai vraiment apprécié sa compagnie durant le confinement. De plus, malgré ses craintes, la présence de Rosana durant ces dix derniers jours aura été que du bonheur. Je me suis habituée à son enthousiasme d’emménager et à son petit rituel quotidien de bouger quelque chose dans l’appartement. Le plus rigolo là-dedans, c’est qu’elle m’aura fait découvrir des choses que je n’avais jamais vu comme la possibilité d’ouvrir la porte de ma chambre de l’autre côté! J’ai apprécié sa bonne humeur et l’ensemble de son aide : la force de ses bras, ses talents de cuisinière et le volant de son deux roues! Je lui tends mon trousseau de clés avec le sentiment que quelqu’un de bien emménage ici. Je lui souhaite de passer du bon temps ici avec Olaya. Nous commençons les adieux et les embrassades…
Encore une fois, cette situation tant attendue semble irréelle. Je me sens sans émotion. C’est étrange. Mes affaires sur les bras, je me dirige vers la porte. Elle se ferme derrière moi… mais j’emporte tous les bons souvenirs de mes trois ans passés ici. Au revoir Piraeusplein 13 !
Je me dirige lentement vers l’arrêt de bus avec mes gros sacs sur le dos et au bout des bras. Direction le sud-ouest de la ville. Ce soir, je dine et je dors chez Carly à Osdorp. C’est ma dernière soirée ici et je suis contente de la passer avec une très bonne copine à discuter et à jouer à des jeux hollandais ! Carly est vraiment chouette. Elle m’a aussi proposé de m’accompagner à l’aéroport.
Après cette soirée, pleine de rigolades, nous allons nous coucher. Dans quelques heures, le réveil sonnera. J’ai du mal à dormir… Je pense déjà au voyage du lendemain. Je me réveille fatiguée mais me focalise sur la préparation de mon sac et le petit déjeuner ! Nous avons dix minutes de marche pour rejoindre le bus. Il ne faut pas être en retard. Nous décollons de la maison à temps. Tout se passe bien. Quelques minutes après notre arrivée, masque sur le nez, nous montons les marches, scannons notre carte et retrouvons notre siège ! Le bus est presque plein. En route pour l’aéroport de Schiphol!
Quarante-cinq minutes plus tard, nous franchissons les portes du plus grand aéroport des Pays-Bas. Nous parcourons ses allées à la recherche de ma porte d’embarquement. Les lieux sont vides et les écrans aussi. Seulement, une dizaine de vols seront assurés aujourd'hui. Rapidement, nous nous retrouvons l’accès aux scanners à bagage. Il est encore tôt. Nous restons là pour discuter tout en observant les gens passer avec leur masque sur le nez et leur bagage à la main. Une fille est là. Elle retient mon attention. Téléphone en main, elle essaie d’appeler sa sœur. Elle semble stressée. Sa sœur ne s’est pas munie des documents nécessaires. Ça ne sent pas bon ! La panique !
Departure screen à Schiphol |
Le moment des au revoir avec Carly arrivent… Nous nous prenons dans les bras… Quelques larmes coulent… Allez, courage ! Je me dirige vers la barrière tout en regardant Carly. Je scanne mon billet. Me voilà de l’autre côté de la barrière. Je lui fais de grands signes d’au revoir ! C’est dur ! Je suis à la fois triste et à la fois heureuse d’avoir passé cette étape ! Mes bagages sont contrôlés et rien n’est détecté. Les panneaux d’affichage me guident vers la porte d’embarquement. Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre. Y aura-t-il beaucoup de monde dans cet avion ou serais-je seule ... Je passe la porte et découvre de nombreuses personnes qui sont là à attendre. Plus aucun siège n’est libre ! Je croise de nombreux regards et me sens observée. Les gens qui m’entourent semblent comme moi ne pas trop savoir ce qu’il faut faire. Des gens vont voir les hôtesses, ils ont des questions sur la procédure.
Au revoir masqué |
L’écran affiche maintenant un retard de trente minutes. Une hôtesse brune aux cheveux longs prend son micro pour le confirmer. Cette nouvelle ne me rend pas nerveuse. L’important, c’est que l’avion parte. Quelques minutes plus tard, nous sommes appelés à présenter nos billets. Je crâne un peu avec ma carte Skypriority ! Et oui, je vous passe tous devant les gars ! hihi. A ma grande surprise, dans l’avion, aucun siège n’est vide. Nous sommes tous les uns à côté des autres. On se touche même ! Sur nos sièges, les hôtesses ont déposé un snack et une capsule en plastique d’eau. Je discute avec mes voisins tous masqués. Notre protection contre les microbes nous force à articuler pour nous comprendre ! Ils reviennent de Thaïlande où ils étaient en vacances avec leur chien. La personne de devant revient aussi de vacances.
Me voilà dans l'avion! |
Durant le vol, l’attestation de déplacement international est distribuée. C’est original sachant que l’ambassade m’avait répété plusieurs fois de bien l’avoir avec moi. Enfin, au moins, il n’y aura pas de problèmes. Je me fais prêter un stylo et la remplie. On ne sait jamais s’il la ramasse avant la fin.
L’atterrissage à Charles de Gaulle est imminent. Comme d’habitude, les gens se bousculent pour récupérer leurs bagages et sortir. Nous sommes tous à touche-touche et cela ne gêne personne. Je suis un peu choquée. Je crois que je me suis bien habituée au respect des 1,5m de distanciation sociale !
A l’intérieur de l’aéroport, les douanes nous attendent… Des morceaux de scotchs ont été placés au sol pour nous rappeler de garder nos distances ! Ah, ça semble de nouveau utile ! Je suis prête à dégainer toute ma paperasse ! Les gens passent… puis un membre du personnel se fait incendié par les policiers. Elle était à deux doigts de braver l’interdit en faisant passer une personne sur le sol français : un homme âgé d’origine marocaine qui venait des Etats-Unis et cherchait à rentrer chez lui en Italie. Elle se met à pleurer… Ambiance ! Ce petit incident laisse planer le doute... Mon sort sera jeté dans peu de temps de toute façon. La personne devant moi avance au guichet. Je croise les doigts !
C’est mon tour. « Bonjour Madame, pouvez-vous me montrer votre titre de transport ? Un peu paniquée, je le cherche et ne le trouve pas. L’officier me demande alors ma carte d’identité et mon attestation. Je lui tends. « Ou allez-vous ? », s’exclame-il. Je réponds dans la Loire à côté de Montbrison. « Est-ce que vous habitez là-bas ? », me demande-t-il. Je réponds simplement oui ! « C’est tout bon pour moi ! », me dit-il. Wow, vraiment, c’était si facile ! Quel soulagement ! La plus grosse partie est passée. Maintenant, je ne crains plus grand-chose !
Dans la gare TGV de Roissy, moi, mon chargeur et mon memory! |
Cependant, le voyage est encore long. Je dois attendre plus de 3 heures masque sur le nez dans la gare avant l’arrivée de mon TGV. Je n’ai pas l’énergie de lire. Je me sens un peu fatiguée. J’observe les gens autour de moi. La police passe régulièrement et rappelle aux gens de porter le masque. Certains utilisent une écharpe ! Carly m’a offert un jeu de memory des Pays-Bas hier soir. Il tombe à pic ! Je fais quelques parties et écris des messages à mes amis. Le temps s’écoule vite finalement.
Au retentissement de l’annonce sonore, je me présente sur le quai. Des employés SNCF et de police sont là pour contrôler notre billet et notre attestation. Sur un ton sévère et ferme, une officière me demande quelle est la raison de mon déplacement. J’évoque mon déménagement. Elle ne semble pas satisfaite de ma réponse et me répond qu’il me faudra des preuves. Je lui confirme les avoir mais elle me répète la même chose. Je confirme à nouveau les avoir… Une discussion sans fin débute… Puis, elle finit par me dire d’avancer, d’autres gens attendent… Sans chercher à comprendre, je m’exécute ! Etrange !
Je cherche mon wagon et attend à l’endroit indiqué. Sur le quai, je fais la connaissance d’une dame qui va elle aussi dans la Loire. Quelle coïncidence ! Le train entre en gare. Je retrouve mon siège ou plutôt mes sièges ! J’ai deux places pour moi. Merci Corona ! Le contrôleur passe. Il demande billet et attestation. Sa remarque me fait plutôt rire : « quelle classe d’avoir une attestation de déplacement international »! Ses paroles me font comprendre que je n’ai vraiment plus rien à craindre à présent. Personne ne peut plus me renvoyer aux Pays-Bas.
Je réserve mon billet en ligne pour le prochain train. A l’arrivée à Lyon, de nombreuses personnes attendent ! Elles sont un peu attroupées ! Le COVID-19 n’a pas changé ça ! Vive les restrictions ! Je file retrouver le train qui m’emmènera jusqu’à St Etienne ! Au revoir Lyon ! La visite aura été courte !
Le train n’est pas très bondé. Des sièges sont banalisés pour éviter les contacts ! Une fois, à St Etienne, il ne me reste plus qu’un train à prendre ! J’y suis presque ! Je ne vois personne jusqu’à Feurs! Qui aurait cru que ce serait si simple !
Je sors du train et m’avance jusqu’à l’entrée de la gare. J’envoie un message à Pierre-Jean. Hey, hey, je suis là ! Fidèle à lui-même, il est en retard ! Haha ! Chouette, j’ai du temps pour informer mes amis et ma famille de mon arrivée. Un 4x4 couleur crème s’avance. Je reconnais un visage familier. Il n’a pas trop changé depuis trois mois ! Un grand sourire se dessine sur mes lèvres ! Je retrouve les bras de mon amoureux ! Wow ! Le sentiment est indescriptible ! C’est que du bonheur ! Victoire ! Welkom terug ! Nous fêtons ça avec un bon apéro et un bon repas !
C’est le début de mes deux semaines de vacances… Ma mission principale : m’occuper de l’ensemble des démarches administratives pour me faire exister à nouveau ici et l’achat d’une voiture! Yeepee !
Dès le lendemain, nous prenons la route en direction de Roanne. Pierre-Jean doit livrer de la pâte à tartiner. Il en profite pour me faire découvrir les alentours. Nous allons de magasins en magasins pour constituer notre pique-nique. En route vers le château de la Roche, nous nous arrêtons dans un garage fermé pour regarder une clio. Les recherches commencent ! Malgré la grisaille, je découvre ensuite ce beau château juché au milieu de la Loire.
Ce voyage dans le Roannais me fait songer à ma future entreprise. En rentrant, je les informe d’ailleurs que je suis là, prête à faire feu !
Le lendemain, je reçois une réponse! C’est rapide pour une fois ! La lecture me glace le visage… L’activité de l’entreprise est encore au ralenti. Des gens sont actuellement au chômage partiel. Mon futur chef n’a d’autres choix que de m’offrir trois mois de vacances non-payées ! Pour me rassurer, il me propose de m’envoyer mon contrat dans la semaine qui suit.
Je suis stupéfaite et me sens un peu désemparée ! Que vais-je faire pendant trois mois ?