364 jours plus tôt... Amsterdam - Octobre
2016 - Début de la thérapie contre l’acrophobie.
Souvenirs!
Depuis que je suis petite,
je souffre d’acrophobie, c’est-à-dire de la peur du vide, de l’altitude ou encore
des hauteurs. Ce terme est souvent remplacé inexactement par le mot
vertige qui n'est théoriquement qu'un de ses symptômes. Voilà pour la définition
du Larousse!
En grandissant ce phénomène
n'a fait qu'évoluer et devenir de plus en plus handicapant! Durant ces
dernières années, j'ai tenté de trouver des solutions pour pallier les
désagréments comme par exemple rejoindre un groupe de randonnée, me forcer à
réserver des billets d’avion sur des trajets courts, ou même obtenir un
certificat de mon médecin pour aller voir un psychiatre, certificat que je n’ai
jamais utilisé d'ailleurs à
cause de ma bougeotte…
Lors de mon arrivée à Amsterdam, cette excuse ne valait plus surtout qu’à ce moment-là, aller au travail aurait pu devenir un problème... Bref, le déclic quoi !
Quelle idée aussi de bosser
au 22e étage lorsqu’on habite dans le pays le plus plat du
monde! En effet, bien mauvaise… La petite boule au ventre m’a suivi au boulot
pendant mes premiers mois chez Elsevier… Et puis tant qu'à faire, plus on
est de fous, plus on rit : elle n'était jamais seule à m'accompagner… Ces
copains sentiment d’insécurité, d’angoisse vis-à-vis de l’imprévu, etc… étaient
aussi de la partie. Et si l’alarme à incendie
se mettait à sonner… Mince, il faudrait descendre par les escaliers… Et si… je
me retrouvais dans une salle de réunion proche de la fenêtre, donc proche du
vide, comment ne pas paniquer…
Voilà quelques exemples des
réactions que je pouvais avoir avant… Ça vous paraît ridicule, n’est-ce pas? La blonde réagit un peu de
manière irrationnelle… Jusque-là tout est normal !
Par contre, l'ennui c'est le
stress inutile causé par tout ça, et le fait de ne pas pouvoir faire les choses
qu’on aime voire qu'on pourrait même perdre des opportunités professionnelles… Il est
temps de trouver une solution!
Après maintes lectures,
j’ai découvert que l’acrophobie était instinctivement ancrée en moi depuis une période inconnue. Mon cerveau a
intégré un réflexe automatique et inconscient de survie et de protection dans
toute situation m’exposant à la hauteur. Il tire la sonnette d’alarme à chaque
fois que la vue, le système vestibulaire et/ou proprioceptif identifient un
élément dangereux au sein de l’environnement dans lequel je me trouve. Cela
prouve que ces systèmes sont souvent défaillants chez un acrophobe.
Dans un ravin...
Dans mon cas, voici les fauteurs
de troubles : les ponts, les avions, les sentiers de randonnée en haute
montagne, certaines remontées mécaniques, des escaliers en colimaçon montant au
sein du clocher d’une église par exemple, les ascenseurs en vitre ou le vide vu
d’un gratte-ciel... La liste est longue… Celle des anecdotes liées
à chaque élément l’est d’autant plus! Si certains d’entre vous souhaitent
en partager, allez-y, ça me ferait rire puis plaisir de connaître la façon dont vous racontez ça !
Poursuivons dans notre
recherche des causes. Apparemment l’origine de cette peur est souvent le fruit
d’un évènement passé : une chute, un trauma, une mauvaise expérience
transmise par les parents dans une situation de danger (et oui la peur ça se
transmet !) voire le fait d’être de nature anxieuse, l’anxiété étant le
moteur de ce problème. Chaque situation dangereuse similaire à une situation
précédemment vécue comme dangereuse voire l’anticipation liée à une
situation future identique va générer du stress. Par exemple, lorsque j’allais
aux sports d’hiver avec mes parents, plus les années passaient plus chaque
jour, je me levais avec la peur au ventre, une peur liée à des situations
vécues et à l’inconnu/manque de contrôle par rapport à l’emploi du temps de la
journée qui commençait. Nous allions chaque matin prendre des cours de ski et
ne savions pas où nous allions être amenés, avec qui, …
Sur les skis aux Deux Alpes!
Un jour alors que je skiais
avec mes parents, j’ai décidé de ne pas les suivre par peur et de suivre mon
propre chemin. Je me suis donc retrouvée livrée à moi-même sur un sentier
proche du vide ce qui m’a terrifié. J’ai pris sur moi pour regagner la piste principale
mais le lendemain, j’ai prétexté être malade pour ne pas y retourner. A
présent, j’associe à cette station de ski la peur et je ne sais pas si je
pourrais y retourner malgré tous les bons moments que j’y ai passés.
Comme quoi, plus on
grandit, plus on gagne en conscience/expérience et moins il est facile de
refaire certaines choses… Aaah quand j’avais 20 ans… lol
Et oui, quand j’étais plus
jeune (!), mes crises d’angoisses étaient moins intenses. En revanche, elles ne
me permettaient pas de découvrir les sensations que je découvre à présent :
l’évitement, l’oppression, la perte d’équilibre, les tremblements, la
transpiration et l’accélération du rythme cardiaque. Parfois, il m’arrive même
de pleurer ou de faire des crises d’hyperventilation. Même dans mes crises, il
n’y a pas de routines !
Self-control est le mot
magique pour pouvoir retrouver son calme habituel. Lorsque je me suis retrouvée
seule face au ravin, j’ai dû me convaincre que je n’avais pas d’autres choix que
d’avancer au risque de rester bloquée et de ne jamais revoir mes
parents et mon frère! Ça aurait été dommage !!! L’important est de
convaincre son cerveau que nous ne sommes pas en danger. Facile!!!
Ma thérapie m’a aidé à comprendre ce qu’il se passe dans ma tête afin d’arriver à mieux gérer mes émotions voire penser différemment. La psy m’a expliqué que lors d’une crise d’angoisse, nous avons tout d’abord une grosse montée d’anxiété mais que celle-ci ne peut plus évoluer ensuite. La seule solution pour réduire l’anxiété est de se confronter à sa peur et qu’au contraire de ce que notre cerveau nous dit, il ne faut pas essayer de fuir cette situation. De cette façon, le cerveau identifiera cette situation comme non-dangereuse sur le long terme. Il est donc important de se retrouver face à des environnements « à risques » régulièrement, pour ne pas que la peur reprenne le dessus.
Au-delà de l’analyse
effectuée à l’issu des premiers rendez-vous, pour ne pas dire l’interrogatoire,
les solutions suggérées ont en effet été la confrontation : histoire de
chasser les idées négatives liées aux situations passées dans un premier temps.
Plusieurs exercices m’ont
été proposés. Nous avons commencé par un premier exercice qui ne m’a pas
vraiment convaincu, je dois dire… C’est-à-dire, se remémorer une situation
stressante liée à un vol, et raconter ce que l’on a ressenti. J’ai alors choisi
de parler de mon expérience lors du vol Stockholm-Londres, juste après un orage.
La psy m’a donc demandé de fermer les yeux de décrire la situation en détails
puis de partager avec elle ce que j’avais ressenti à ce moment. J’ai dû me
creuser la tête pour en sortir des informations précises!
Dans ce cabinet, il ne disposait pas du joli petit casque et de l’écran pour faire une séance de réalité virtuelle. Quel dommage, j’y aurais plus cru ! A côté de cela, on m’a conseillé d’utiliser une appli de méditation voire d’écouter de la musique de relaxation, lorsque je suis dans l’avion afin de pouvoir me calmer.
Dans ce cabinet, il ne disposait pas du joli petit casque et de l’écran pour faire une séance de réalité virtuelle. Quel dommage, j’y aurais plus cru ! A côté de cela, on m’a conseillé d’utiliser une appli de méditation voire d’écouter de la musique de relaxation, lorsque je suis dans l’avion afin de pouvoir me calmer.
Le second type d’exercice
m’a permis de découvrir plusieurs bâtiments à Amsterdam, des bureaux
d’entreprises principalement et les locaux de l’Université libre d’Amsterdam (Vrije Universiteit van Amsterdam).
Le principe : se
pencher par la fenêtre et sauter, histoire de pouvoir amortir le choc de
mieux en mieux! Qui y a cru ?
En résumé, j’ai dû
m’approcher des fenêtres (la vitre partait de mes pieds et allait jusqu’au
plafond) jusqu’à me sentir à l’aise. Mine de rien lors de la première séance à
l’Université, cela m’a pris au moins 45 minutes alors que nous étions au 8e étage.
Petit à petit, nous sommes grimpées pour faire la même chose aux étages supérieurs
mais compte-tenu du fait que l’agencement était similaire, cela semblait plus
facile. Passez deux heures à faire ça et
vous êtes épuisés, je vous le garantis. Je n’ai pas été très efficace au
travail après!
Photo prise lors d'une rando avec mes Sunny walkers!
Une semaine après, histoire
de tester si cela avait évolué, nous avons remis ça avant d’aller ensuite dans
un autre bâtiment où cette fois-ci, il s’agissait de monter avec des escalators
entourés de vide puis une passerelle reliant deux salles. La répétition a
fonctionné avec les escalators alors qu’en revanche, avec la passerelle, il a
fallu y aller plus progressivement. Ce sont donc enchaînés les exercices où il a
fallu se positionner à un endroit de la passerelle,
y rester pendant un temps donné, puis faire la même chose au bord de la
barrière, ceci aux deux extrémités et en allant de plus en plus loin. Ensuite,
la deuxième semaine, j’ai dû traverser la passerelle à plusieurs reprises en
m’arrêtant au milieu (le plus terrifiant), etc… La conscience du danger se réduisait
au fur et à mesure.
Ceci a conclu ma
thérapie ! En parallèle, la thérapeute m’a conseillé de poursuivre mes
efforts en me confrontant régulièrement afin que cela ne revienne pas.
Sans attendre, alors que ma
thérapie n’était pas finie, avec mes "stairapists" (ou collègues)
nous avions déjà commencé l’ascension progressive du 22e étage !
En plus, les coupures de courant ont été aussi là pour faire marcher la
machine. Les occasions n’ont pas manqué… Après un mois et demi à faire ça deux
fois par semaine, l’objectif a été atteint même si seule je ne suis pas
certaine de pouvoir. En revanche, pour la descente, il y a tout à faire...
En ce qui concerne l’avion,
j’ai trouvé la parfaite excuse pour le prendre régulièrement… :) Du coup, je ne stresse plus la nuit précédant le vol, seulement une fois assise sur mon siège!
C’est là que l’appli de méditation et la musique de relaxation interviennent et
cela marche à merveille en fermant les yeux au cours des 20
premières minutes. J’ai eu plusieurs fois l’occasion d’être assise coté fenêtre, ma hantise, et au final, j’ai peur de
regarder durant les premiers instants mais à la fin, je ne peux plus m’en
passer tellement la vue est belle ! Mon prochain objectif : prendre un vol de
plus de deux heures et peut être
rendre visite à mes copines Lucie et Tina quelque part sur un autre
continent... Un souhait de longue date!
Ensuite, je voudrais
retourner faire du ski et de la randonnée en haute montagne pour voir ce qu’il
en est. Des challenges et encore des challenges… Trop cool !
Certains d’entre vous m’ont déjà dit mais Gwen, la peur est toujours là… Peut-on dire que la thérapie à fonctionner? Bonne question! Evidemment, chaque situation est différente et il est impossible de savoir si je n’aurais pas peur à un endroit ou à un autre mais au moins j’ai appris à mieux comprendre d’où venait les crises d’angoisse, à me contrôler, j’ai découvert quelques techniques pour me calmer et que la motivation est à chaque fois très importante pour me permettre de faire face à ce sentiment d'insécurité : la preuve lorsqu’avec Pierre-Jean, nous sommes montés en haut de la Basilique du Sacré-Cœur à Paris. Grâce à sa présence qui m’a motivé et sa patience, nous avons pu apprécier cette vue magnifique.
Vue prise sur Paris du Sacré-Coeur. Ca aurait été dommage de manquer ca!
J’ai été assez surprise par
la durée de ma thérapie : seulement quelques mois mais en effet, c’est un
effort continuel! Certaines personnes s’en sortent grâce à l’hypnose ou à la
sophrologie, d'autres types de thérapies cognitivo-comportementales dont la
durée varie. A voir si je ressens le besoin de les tester plus tard…
Dans tous les cas,
l’expérience aura été intense mais m’aura rendu plus forte et j’en suis bien
heureuse. Happy ending! :)))
Au final, ça a aussi des
avantages d’avoir peur du vide… Qui est-ce qui a plusieurs reprises a pu bénéficier
de meilleures places lors d’évènements sportifs ou culturels parce qu’elle ne
pouvait pas rejoindre son siège (qui en a aussi fait bénéficier les
copines !) et qui en étant inscrite sur la liste des handicapés au boulot
peut descendre par l’ascenseur lors des alertes incendies pendant que les
autres descendent gentiment les escaliers ? C’est moi ! haha
Quart de finale de handball - JO Londres 2012 - Belle vue d’à côté de la tribune VIP!
A présent, pour ceux qui se
seraient posé la question, je vais pouvoir envisager la thérapie contre la
blonditude! Enfin, s’il y a des solutions!
Et vous de quoi avez-vous
peur?
Aaah la traversée du millenium Bridge, ou la fois où une blonde a failli m'arracher le bras...
RépondreSupprimerSalut ma peureuse préférée! Ce que je trouve vraiment genial, c'est de voir de quelle façon tu t'es dit: "stop Gwen, maintenant, ça suffit, il faut que je m'en sorte". En acceptant de te confronter à ta PEUR terrible (parce que ça doit bien faire souffrir, entre nous!) eh bien, tu étais déjà en position de trouver une solution. Quel beau processus de resilience - Et quelle leçon tu nous donnes! Fière de toi, Gwen! Mieux, meme si on ne sait pas si c'est complètement guéri (c'est pas une grippe, non plus hein!) le plus important, c'est que tu aies appris les clés, c'est à dire reconnaitre la peur, en prendre conscience, et faire du self-control. L'adrénaline monte, okay, mais à un moment elle s'arrête, et c'est là où tu peux entreprendre d'agir (écouter de la musique de relaxation), ou aracher le bras d'Anonyme (lol) et continuer à bouger pour, tranquillement, vaincre ce blocage provoqué par la peur. Alors, chapeau, et continue de nous aider nous aussi, car si toi t'es acrophobe sur les bords, crois-moi, nous tous on a surement aussi des peurs dont on voudrait bien se débarasser. Et ton 'introspection' nous montre un chemin possible. Je te dis : 'merci' -(ta copine, collègue et stairapist)
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