mercredi 2 septembre 2020

Welkom terug in Frankrijk - Episode 2 : Bienvenue au Coronavirus !

Episode 2 : Bienvenue au Coronavirus !

Depuis début Février, chaque weekend, le vent et la pluie font le ménage sur le territoire néerlandais. La force des bourasques est telle que certains érudits participent à une course de vélo contre la tempête Ciara sur un pont-barrage appelé le Oosterscheldekering en Zélande : la NK Tegenwindfietsen. Bon courage pour la prononciation! Heureusement, la fin du mois approche et les conditions météorologiques vont en s’améliorant. Quelle bonne nouvelle ! La saison des carnavals tant attendue dans le sud des Pays-Bas va bientôt s’ouvrir ! 

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la NK Tegenwindfietsen

Au même moment, la météo pandémiologique, elle, se gâte. Nous suivons depuis fin Janvier l’actualité de près en espérant que l’épidemie développée sur le marché de Wuhan en Chine ne vienne pas faire des petits en Europe. Le nombre d’infections ne fait qu’augmenter. La situation est alarmante. Beaucoup de mesures de précautions sont prises par la Chine et ses pays voisins. Nous pouvions difficilement l’éviter, les premiers cas arrivent en Europe... 

Nos carnavals pourraient être l’endroit idéal pour que le COVID-19 se développe…  Sans surprise, une semaine plus tard, l’ensemble de nos amis fans de fête et de costumes sont, d’ailleurs, priés de rester confinés chez eux pendant deux semaines. Ma collègue Sophie en fait partie !

Ma collègue Sophie et ses amis au carnaval de Den Bosch

Suite à notre dernier échange, comme convenu, je reçois un email de mon futur employeur avec en pièce jointe une proposition d’embauche. Yes, yes, yes ! Les choses avancent dans le bon sens ! Les conditions demandées y sont toutes ! Ai-je le droit de me rejouir ou est-ce encore trop tôt ?! J’ai envie de sauter partout ! J’ai réussi !!! Ça y est, après un an de recherche, l’opportunité est là !  Wouhou !

Je prends mon téléphone pour partager la nouvelle avec Pierre-Jean. Je lui demande de vérifier que tout est correct. Sans trop tarder, je peux rédiger la lettre qui va bien pour confirmer que j’accepte le poste ! Youpi !

Une fois rentrée à l’appart, je me fais une séance de tapping (dédicace à mes amis volleyeurs) en mode saut de joie dans ma chambre. Apparemment, ça ne plait pas vraiment à la voisine du dessous mais je m’en fous!

Allongée sur mon lit, les idées se bousculent dans ma tête. J’ai du mal à fermer les yeux. Je pense déménagement, planification du voyage en vélo, préavis, soirée de départ, diners entre amis et démission de mon job actuel ! Il me reste six semaines pour organiser tout ça. Crazy !

Le lendemain matin, le réveil sonne. J’ai dû réussir à m’assoupir. Il est l’heure de se préparer. Je prends ma petite reine pour me rendre à la Millenium Tower. Comme à mon habitude, j’admire les bateaux naviguant sur l’IJ, les autres cyclistes devant moi et les passants tout au long du chemin tout en réfléchissant à d’autres choses. Ce matin, mon regard est différent. Bientôt, je ne serai plus là… Je passe une partie de ma ballade à essayer de me convaincre de tenir ma langue toute la journée au travail. Ce sera loin d’être simple. Je suis proche de pas mal de collègues… Je réfléchis au moment opportun pour informer Roderick, mon manager. N’ayant pas reçu de contrat, je décide d’attendre une bonne semaine avant de faire mon annonce ! Heureusement, ma copine Danielle est là pour les  séances d’explosion de joie en cachette! 

Une semaine plus tard, c’est décidé, ce sera aujourd’hui… J’ai assez attendu ! Je vais voir si Roderick est dans le coin. Par chance, il a le temps de discuter deux minutes. Nous nous dirigeons vers une salle de réunion disponible. Mon cœur bat la chamade. Je souffle un bon coup et finis par lâcher le morceau ! 1, 2, 3 et c’est parti ! La nouvelle est prise avec le sourire. Il est très content pour moi même s’il ne veut pas trop que je parte. Il s’attendait à ce que ça arrive un jour ! Je récupère quelques conseils au passage pour prévenir les RH. Ayant encore un peu de temps devant moi, je ne me presse pas pour lui envoyer ma lettre de démission. Les priorités du moment sont la planification du voyage en vélo, le déménagement et l’arrivée de mon frère à la fin de la semaine. 

Plus les jours passent et plus, je sens que Roderick n’est pas heureux avec ma nouvelle. Les remarques amères et froides à mon égard se multiplient. Je sens de la tension. Il me met la pression pour que je lui donne la lettre. Il ne sait pas qui pourra me remplacer et veut se dépêcher de recruter quelqu’un. Je suis un peu triste de le voir me parler de la sorte et me confie à ma collègue Els qui me rassure très vite. Ça lui passera ! 

Mars devait être le mois le plus chargé pour moi. Depuis la fin de l’année dernière, je travaille sur l’organisation de plus de 15 meetings durant la conférence SOT à Chicago ainsi que sur d’autres meetings prévus mi-mars. Compte-tenu de l’actualité, l’inquiétude s’installe. Les restrictions se mettent en place dans de plus en plus de pays. Je commence à recevoir des messages d’éditeurs anxieux, puis c’est au tour des organisateurs de SOT de nous contacter. Ils nous apportent la mauvaise nouvelle… Jusque-là, pas de surprise et c’est surement plus raisonnable. Je passe donc ma semaine à revenir en arrière et à espérer récupérer quelques pénis (Pour les esprits mal placés, il s’agit du pluriel du mot penny). Jagna, ma publisher m’amène des viennoiseries de la boulangerie française d’Amsterdam pour me guérir de la déception. Comme quoi, ça n’a pas que du mauvais ! J’arrive rapidement à prendre de la distance avec les événements et m’exécute. 

C’est au tour d’Elsevier de prendre ses propres mesures. On nous demande de rester chez nous le 12 Mars. Ils veulent tester leur système de sécurité en cas d’infection !

Mon frère et Jade sont là ! Olaya, ma coloc espagnole, est en voyage à Belgrade pour plusieurs jours. Je vais pouvoir souffler un peu et explorer d’autres endroits des Pays-Bas avec eux. Nous commençons d’ailleurs par visiter la région d’Alkmaar, ses villages pittoresques comme De Rijp, ses digues, ses moulins et leurs systèmes de vente aux enchères de légumes. Les jours qui suivent seront un peu plus classique : découverte d’Amsterdam, ses canaux, ses musées et sa nourriture locale ! Je suis heureuse de leur faire découvrir mon futur ancien chez-moi.

Croisière sur les canaux

Visite du Musée BroekerVeiling

La salle des enchères

Le parking à bateau

Le temps passe vite. Il est déjà l’heure pour eux de repartir. J’en profite pour leur donner quelques affaires. Par chance, ils décident de partir le jeudi 12 car le lendemain, le gouvernement nous annonce le début du confinement! Elsevier me demande de travailler de la maison jusqu’au 31 Mars, sous réserve de prolongation. Nous en saurons plus sur la suite le 28 Mars. Je me demande bien comment je vais faire pour ne pas voir mes collègues aussi longtemps… 

Oeuvre des agriculteurs du côté de Beemster 

Chaque jour, le nombre d’infections augmente. L’incertitude gagne du terrain. La situation dans certains pays européens devient critique. L’Italie et l’Espagne ont du mal à gérer la crise alors que le Portugal s’en tire plutôt bien. Ici, on nous demande d’éviter de sortir et respecter 1,5 m de distance sociale. Les écoles, bars, restaurants, musées et cinémas ferment leurs portes. Les magasins restreignent leurs horaires d’ouverture et des plages sont même réservées pour les personnes âgées. Ils s’équipent de gels hydro-alcooliques, de vitres en plexiglas, mettent des marquages au sol pour indiquer les directions et faire respecter les 1,5 m de distance… Les rayons de farine, pâtes, pain, papier toilette, etc. sont vides. Les gens paniquent. On ne sait pas pourquoi ! Le vélo devient le moyen de locomotion recommandé…

Modèle de carte réalisé durant le confinement
Un des Skype apéro!

 Les vidéos en ligne des italiens qui chantent à leur balcon et d’applaudissements des soignants sont à la une ! Internet devient le lieu principal de divertissement. Et oui, le virus du pangolin nous force à prendre des nouvelles habitudes. Ce n’est pas évident pour tout le monde. Moi, je trouve ça plutôt chouette. C’est l’opportunité de découvrir de nouvelles activités ou de faire des choses qu’on ne prend jamais le temps de faire. Je me mets aux cours de sport de Mathieu Coaching sportif, un ancien collègue de l’AS Poitiers, de quoi stimuler les endorphines. Avec Carly, je prends mon beau vélo pour partir faire de grandes ballades dans la campagne. Chaque semaine, nous prenons une grande bouffée d’air. Je teste des recettes de cuisine italienne comme la pizza ou le foccacia et à 2 en visio avec PJ, nous préparons nos diners. La nouvelle mode est au Skype apéro. C’est la méthode idéale pour discuter et rigoler avec les copains et les cousins ! Je travaille sur les étapes du voyage en vélo, l’acquisition du matériel et regarde les logements disponibles sur AirBnB.  La dernière idée de génie que j’aurais, sera de faire des albums photos retraçant mes 5 années aux Pays-Bas. Finalement, je ne m’ennuie pas. Je reprends même contact avec mes amies chinoises de la fac. Ça fait plaisir. 

Les balades en vélo avec Carly
dans le Beemster

Le magasin d’optique dans lequel travaille Olaya est fermé temporairement. Nous prenons l’habitude de cohabiter durant la journée. Elle aussi se créé de nouvelles passions comme l’origami. Je suis contente de pouvoir vivre cette expérience avec elle. Tout se fait facilement et naturellement. En revanche, notre présence continue à l’appart, nous créé un ennemi en dessous. Un jour, nous trouvons dans la boite aux lettres, un mot de la voisine du numéro 9. Ces quelques phrases illustrent parfaitement la délicatesse hollandaise! Apparemment, nous marchons comme des éléphants sur le sol avec nos pieds nus la plupart du temps! A côté de ça, le gérant du café d’en bas n’a pas l’air de nous en vouloir. Il nous donne à manger gratuitement pour écouler ses stocks !

Pizza et Foccacia bread made in confinement

Cette période est vraiment étrange ! S’habituer à cette incertitude permanente pose problème. Nous enchaînons les hauts et les bas à Piraeusplein 13… Les grand-parents de ma coloc ont peut-être été infecté par le virus… Son grand-père rentre à l’hôpital et sa grand-mère est isolée chez elle en attendant son retour. Il est difficile d’être loin de sa famille dans cette situation. De mon côté, j’envoie un email à mon futur employeur pour prendre la température… L’entreprise fonctionne au ralenti. Il y a trop d’imprévus à gérer. Ma date d’embauche est repoussée au 1er Juin. Je reçois cette nouvelle comme une grosse claque. Tous les plans s’écroulent… Je fonds en larmes…

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